Syndrome de Muller-Weiss et ostéopathie : pour se remettre sur pied
Peut-être n'aviez-vous jamais entendu parler du syndrome de Muller-Weiss avant que celui-ci ne soit médiatisé à l'occasion du dernier tournoi de Roland-Garros. En effet, il s'agit bien du problème au pied qui touche le champion de tennis Rafael Nadal. Cependant, cette maladie, heureusement fort rare, ne touche pas que les sportifs et elle a même une prévalence féminine. Si vous êtes concerné, sachez qu'en prenant rendez-vous avec un ostéopathe, vous pouvez en limiter les symptômes.
Le syndrome de Muller-Weiss : une sacrée épine dans le pied
Une anatomie à vous faire perdre pied !
Avec ses 26 os, ses 16 articulations, ses 107 ligaments et ses 20 muscles, il est facile de comprendre que le pied, question anatomie, c'est loin d'être simple. Cependant, il est indispensable de revenir sur quelques notions afin de comprendre comment survient le syndrome de Muller-Weiss. Tout d'abord, le pied comprend un dos, qui correspond à sa partie supérieure, une plante, qui est en contact avec le sol, un bord latéral, qui est extérieur au corps humain, et un médial, situé entre les deux chevilles. Si l'on se concentre plus particulièrement sur les os, l'avant du pied comprend les métatarses et les phalanges, le milieu regroupe l'os naviculaire, le cuboïde et les trois cunéiformes. Enfin, l'arrière du pied est constitué d'un gros os rond : le calcanéum, qui forme l'arrondi du talon, et du talus qui fait le lien entre ce dernier et l'os naviculaire.
L'os naviculaire aux premières loges du syndrome de Muller-Weiss
Le syndrome de Muller-Weiss est défini comme une ostéonécrose de l'os naviculaire. L'ostéonécrose survient quand, pour diverses raisons, les petits vaisseaux de l'os ne sont plus irrigués, ce qui entraîne la mort de certaines régions de ce dernier. Il faut savoir que si l'anatomie complexe du pied est adaptée pour répondre efficacement à de nombreuses contraintes, celle-ci le rend aussi particulièrement vulnérable aux blessures et aux maladies. L'os naviculaire tient son nom de sa forme allongée en forme de petit bateau (navicula signifie bateau en latin). Il est situé sur le bord médian du pied et à peu près à mi-chemin de sa longueur. Il sert de point d'insertion à un tendon et forme trois articulations avec d'autres os du pied. Même s'il est rarement touché par des pathologies, en plus du syndrome de Muller-Weiss, l'os naviculaire peut être concerné par :
- Une fracture soit classique, soit dite de fatigue,
- Une entorse lorsque les ligaments de l'articulation de Chopart sont étirés. Pour information, celle-ci, qui relie les os du tarse postérieur à ceux du tarse antérieur, joue un rôle essentiel dans l'adaptation du pied lors de ses appuis au sol.
- Une subluxation qui survient en général lorsqu'on est en présence d'un pied-bot, une déformation qui est caractérisée par l'orientation de la plante du pied vers l'intérieur.
- La maladie de Köhler-Mouchet qui est une ostéochondrite infantile se manifestant par une forme plus aplatie et condensée de l'os naviculaire et qui entraîne des douleurs au milieu du pied.
Le syndrome de Muller-Weiss : ou la mort lente d'un petit os
Le syndrome de Muller-Weiss correspond donc à une perte de vascularisation de l'os naviculaire qui va entraîner la nécrose de celui-ci. Dans les cas les plus graves, il peut même finir par se désagréger et par se fragmenter. L'arche plantaire est alors raccourcie et de l'arthrose apparaît. La maladie comprend 5 étapes : la première est asymptomatique, la deuxième et la troisième correspondent à un stade modéré avec une légère subluxation du talus et une compression de l'os naviculaire. Les deux derniers stades se caractérisent par la mise en place d'une arthrose sévère avec fragmentation du naviculaire. Les symptômes du syndrome de Muller-Weiss sont : une douleur chronique au niveau de l'arrière et du milieu du pied, et une déformation et un gonflement sur son dos : le pied devient alors plat et creux, à cause de l'affaissement de l'arc plantaire. Si les causes du syndrome de Muller-Weiss restent obscures, un certain nombre de facteurs peuvent la favoriser. Parmi ceux-ci, on peut citer :
- un pied varus qui se traduit par l'os du talon qui rentre vers l'intérieur et qui a tendance à augmenter les pressions pesant sur le naviculaire.
- Une fracture de fatigue engendrée par des stress répétés sur l'os concerné. Cette fracture est souvent incomplète et se présente plus sous forme de fissures.
- Des pressions trop importantes qui peuvent provenir d'un problème de surpoids.
- Le fait d'avoir les pieds plats. Cet affaissement de la voûte plantaire crée des tensions excessives sur l'arche médiale du pied, au centre de laquelle se situe l'os naviculaire. Les ostéopathes l'appellent aussi fascia plantaire. Il correspond à la courbure créée par les os situés sous le pied et va des métatarses au calcanéum.
- Des contraintes importantes et/ou répétitives sur l'os naviculaire comme c'est le cas dans certains sports comme le tennis.
L'ostéopathie pour, à nouveau, en avoir sous le pied
Que peut faire l'ostéopathe en cas de syndrome de Muller-Weiss ?
Si l'ostéopathe n'est pas capable de guérir le syndrome de Muller-Weiss, il va cependant pouvoir agir à différents niveaux. Tout d'abord, il va lever les différentes compensations mises en place par l'organisme pour limiter la douleur. En effet, lorsqu'une personne a mal au pied, elle boite, ce qui entraîne des déséquilibres au niveau des jambes et donc des contraintes plus importantes d'un côté que de l'autre. Celles-ci peuvent alors affecter différentes parties du corps comme le bassin ou la colonne vertébrale. En rétablissant l'équilibre des structures touchées, l'ostéopathe va, non seulement, réduire la douleur au niveau du pied, mais il va également en empêcher l'apparition de nouvelles au niveau des articulations des jambes ou du dos, par exemple. Ainsi, son patient va retrouver une meilleure qualité de vie au quotidien. De plus, si celui-ci doit subir une opération chirurgicale pour, par exemple, fusionner les articulations concernées par l'os naviculaire, l'ostéopathe pourra intervenir en post-opératoire pour lui permettre de retrouver plus vite sa mobilité et pour faire disparaître les adhérences cicatricielles.
Les conseils de l'ostéopathe pour limiter les symptômes du syndrome de Muller-Weiss
Si un patient arrive au cabinet d'ostéopathie avec un syndrome de Muller-Weiss, l'ostéopathe pourra également lui conseiller de consulter un podologue pour évaluer si le port de semelles pourrait limiter les douleurs. D'autre part, comme nous l'écrivions précédemment, le surpoids est un facteur aggravant en cas de syndrome de Muller-Weiss. Si vous êtes concerné, l'ostéopathe pourra vous encourager à perdre quelques kilos en trop et vous accompagner tout au long de votre régime. Les femmes étant plus sujettes que les hommes au syndrome de Muller-Weiss, l'ostéopathe pourra leur conseiller d'éviter de porter des escarpins serrés et à talon haut. A contrario, porter des baskets au quotidien n'est pas non plus une bonne idée, le mieux est de choisir des chaussures avec des talons de 3 à 5 cm. Enfin, afin de renforcer la musculature de vos pieds, il peut être bénéfique de marcher pieds nus, à condition que cela n'augmente pas la douleur.
Si vous êtes concerné par le syndrome de Muller-Weiss, vous savez désormais que, même si les causes de cette maladie restent inconnues à l'heure actuelle et si les traitements proposés sont uniquement palliatifs, vous pouvez consulter votre ostéopathe pour avoir moins mal et pour éviter de développer des pathologies annexes. De plus, en appliquant ses conseils au quotidien, vous augmenterez vos chances de pouvoir, chaque matin, vous lever du bon pied !
Les conseils donnés dans cet article ne se substituent, en aucun cas, à un diagnostic posé par un médecin ou par tout autre professionnel de santé, ni à un traitement médical.