Reprise sportive
Ce que disent les ostéopathes
Nous démarrons cet article avec une nouvelle qui fâche : dans deux semaines, ce sera officiellement la fin des vacances ! Outre la reprise de votre activité professionnelle et de vos habitudes quotidiennes, certains d'entre vous vont profiter de cette période pour se remettre au sport, et ça... c'est une excellente idée !
Seulement, vous vous demandez sans doute comment pratiquer une activité sportive en alliant performance et écoute de son corps. Pour répondre à cette question, nous avons a interrogé 5 ostéopathes spécialisés dans le domaine sportif, tous reconnus dans leur profession, afin de leur demander de partager avec nous leurs avis et conseils.
Sportifs amateurs, sportifs de demain ou sportifs du dimanche : nous vous souhaitons une bonne lecture, et surtout... n'oubliez pas de prendre des notes !
1. Est-ce qu'il existe des préparations à faire en amont de la pratique sportive ?
Candice Bernard, qui suit régulièrement des triathlètes et des pilotes moto en championnat du monde d'endurance, nous explique qu'en premier lieu, une alimentation équilibrée, proportionnée et adaptée au type de pratique sportive est indispensable pour optimiser au mieux le sportif.
ce n'est pas en mettant une essence de mauvaise qualité dans une Ferrari qu'elle ira vite et loin !
Candice Bernard
Elle ajoute que le suivi diététique et micro nutritionnel du sportif est un gage de qualité de résultats et de constance dans sa pratique. Aussi, elle conseille un suivi podo-postural, un coaching mental et physique chez des sportifs amateurs en quête d'amélioration de leurs résultats.
Anthony Leone, ancien judoka ayant toujours baigné dans le sport, complète en nous disant qu'il est important de faire, en amont de la pratique sportive, un bilan chez un podologue pour être bien chaussé, un panoramique dentaire pour éviter un maximum des troubles musculaires ainsi qu'un bilan des antécédents en ostéopathie.
Loic Aumont, qui a pratiqué l'athlétisme et le handball à haut niveau, attire notre attention sur les programmes sportifs et les vidéos que l'on retrouve sur les réseaux sociaux, qui doivent être des outils à utiliser avec prudence car
il n'est pas rare de recevoir des patients qui ont repris une activité avec motivation quelques semaines plus tôt mais qui se présentent au cabinet avec des motifs de consultations que l'on aurait pu éviter.
2. Les étirements : bonne ou mauvaise chose ? Avant ou après l'exercice ?
Pour Anthony, les étirements sont nécessaires « s'ils sont bien faits et au bon moment ». Lors de la pratique sportive, un muscle a besoin de se contracter, se chauffer et se raccourcir. Il nous explique que lors d'un étirement, on étire (comme son nom l'indique...), on allonge le muscle et forcément on le refroidit. Par conséquent, s'étirer avant la pratique sportive ne va pas dans le sens que demande un effort sportif. A contrario, cela diminue les qualités sportives et peut même créer des troubles musculaires. Il préconise donc de bien s'échauffer avant le sport et de s'étirer après l'activité afin de rester dans la chronologie de l'activité.
Stéphanie, masseuse kinésithérapeute au sein de la Fédération Française d'Aviron, partage avec nous les écrits de ses supports de cours :tous les auteurs s'accordent à dire que les étirements n'améliorent pas la récupération de la force musculaire, qu'elle soit maximale isométrique, isocinétique ou isotonique. De plus il faut éviter les étirements immédiatement après des séances de renforcement musculaire qui sont à l'origine de courbatures.
3. Quelle est la différence entre crampe et courbature ? Comment les traiter ?
Stéphanie Verbrugghe, qui a suivi une formation pour le mouvement sportif en collaboration avec le comité National Olympique et Sportif Français, nous répond que les courbatures sont des douleurs musculaires bénignes consécutives à un exercice physique intensif. Ces dernières sont reconnaissables car plus intenses entre 24 et 72 heures suivant l'exercice. Pour les gérer, elle nous conseille de faire de la récupération active (marche le lendemain par exemple à petite intensité ou vélo), pour que les déchets liés au sport puissent être évacués.
Quant aux crampes, elle nous explique que ce sont des contractions musculaires passagères, involontaires plus ou moins douloureuses qui se présentent comme une sensation de raideur douloureuse au niveau d'un muscle, sans lésions des fibres musculaires associées. Pour les faire disparaitre, elle nous conseille d'étirer le muscle, puis de s'hydrater avec de l'eau sucrée et salée pour fournir au métabolisme les minéraux nécessaires.
4. On parle beaucoup de la bigorexie (NDLR dépendance excessive à l'activité sportive), est-ce que ce phénomène vous parle ?
Thierry Cajgfinger, ancien gymnaste, nous répond que certaines études en addictologie avaient clairement démontré que la production d'endorphines était telle qu'elles actionnaient, chez certains, les « centres de la dépendance ».
Candice ajoute que ce phénomène est surtout lié à la dépendance hormonale liée à la sécrétion d'endorphines et de dopamine pendant l'effort. Elle nous explique aussi que de son point de vue, la pression sportive entraine souvent une faille narcissique nécessitant d'avoir un corps toujours plus musclé et mince, de repousser ses limites entrainant ce comportement néfaste pour la vie familiale et professionnelle du sportif.
5. On parle souvent de taping et de strapping, comment fonctionnent ces procédés ?
Loïc nous explique que le strapping est un moyen de contention plutôt efficace pour limiter la mobilité d'une articulation préalablement blessée afin de permettre de reprendre une activité physique sans prendre le risque de récidive.
Le taping est également un mode de contention mais plus souple sauf que contrairement au strapping, il ne cherche pas à bloquer le mouvement mais plutôt à envoyer des informations neuro-proprioceptives aux structures blessées ou fragiles. Cela aide par exemple à diminuer sensiblement les hématomes.
6. Quels conseils donnez-vous à vos patients sportifs ? Et à ceux qui débutent ?
Anthony leur conseille d'apprendre à connaitre leur corps et leurs propres limites. Le sport n'est pas que le moment « T », car pour lui, le plus important est le travail en amont et en aval de l'activité. Anthony porte notre attention sur le fait que si on ne respecte pas cela, le sport deviendra vite un problème voire une contre-indication suivie des phrases si bien connues telles que « je ne peux plus courir depuis que... »
Prendre le temps, bien se connaître et avancer à sa propre vitesse
Thierry Cajgfinger
Osteo2ls remercie infiniment les participants à la rédaction de cet article, à savoir :