L'ostéopathie pour soigner le syndrome de KISS
Rien à voir avec le groupe
Si lorsque l'on vous parle de KISS, vous pensez au groupe de rock des années 1970 et revoyez immédiatement l'image de leur look plus que reconnaissable, c'est que vous n'avez probablement jamais entendu parler du syndrome du même nom. Pourtant, celui-ci concerne 5 à 8 % des nouveau-nés chaque année. Seul un thérapeute manuel, comme un ostéopathe, peut traiter ce trouble qui reste malheureusement trop méconnu en France. Partons donc à la découverte de cet acronyme trompeur qui n'a décidément rien à voir avec le rock et les paillettes.
Le syndrome de KISS : un trouble méconnu
Une histoire allemande
En 1953, c'est le docteur Gottfried Gutmann, médecin et spécialiste en thérapies manuelles, qui fait allusion, pour la première fois, au syndrome de KISS, alors connu sous le nom de blocage de l'atlas. (L'atlas est la première vertèbre cervicale, celle sur laquelle repose notre crâne.) Après plusieurs années de recherches, vers la fin des années soixante, il va mettre au point et proposer des procédures de traitement manuel sur les nouveau-nés. Cela va l'amener à rencontrer le docteur Heiner Biedermann, alors thérapeute manuel et chirurgien à Cologne (en Allemagne). Ce dernier va s'appuyer sur les recherches du docteur Gutmann et les poursuivre. C'est lui qui, le premier, en 1991, va poser les termes de syndrome de KISS, acronyme de : Kopfgelenk-Induzierte
C'est quoi ce KISS ?
Le syndrome de KISS touche les nouveau-nés et les jeunes enfants. Il est causé soit par un mauvais positionnement du fœtus dans le ventre de sa mère, soit par des circonstances particulières liées à l'accouchement (trop long, avec ventouses, forceps...). Le syndrome de KISS est défini comme un dysfonctionnement de l'articulation entre l'atlas et les deuxième et troisième vertèbres cervicales. Ce blocage de la jonction crânienne crée des tensions dans l'ensemble de l'organisme avec, pour conséquences, une symétrie perturbée et des troubles digestifs et nerveux. Le bébé atteint du syndrome de KISS présente alors une position asymétrique qui se traduit par :
- un corps en forme de C ou de virgule,
- un cou incliné,
- un déséquilibre de la motricité entre les deux côtés du corps,
- un côté du visage plus réduit que l'autre,
- des déformations au niveau du crâne,
- de l'agitation avec des pleurs incessants,
- des troubles du sommeil et digestifs (coliques, reflux...)
En présence d'un ou plusieurs de ces symptômes, il est conseillé de prendre rendez-vous avec un ostéopathe, le plus tôt possible, afin d'éviter des conséquences dommageables sur la santé et le développement du jeune enfant.
Quand le KISS devient un KIDD
Si le syndrome de KISS n'est pas soigné avant que l'enfant n'ait atteint l'âge de deux ans, on parle alors de trouble KIDD (ou KIDD Kinder), abréviation de Kopfgelenk-induzierte
Des ostéopathes pour éliminer le syndrome du KISS
Les différentes étapes pour traiter le syndrome du KISS
Les difficultés de prise en charge du syndrome de KISS proviennent souvent du fait de sa méconnaissance par les médecins qui ont tendance à le confondre avec d'autres troubles. Il est donc essentiel que l'enfant subisse des examens afin d'exclure d'autres diagnostics comme, par exemple, un torticolis congénital ou un bassin congénital asymétrique. L'ostéopathe sera également susceptible de demander des radios qui permettront d'éliminer toute contre-indication au traitement manuel du jeune enfant. Ensuite, trois consultations d'ostéopathie sont généralement nécessaires pour traiter le syndrome de KISS. La première séance aura pour but de confirmer la présence de celui-ci et de commencer le traitement. Elle sera suivie par une deuxième consultation, environ un mois plus tard, qui permettra, entre autres, de mesurer les bienfaits du premier rendez-vous et de poursuivre les soins. La dernière et troisième séance sera l'occasion de contrôler la santé globale de l'enfant.
Quatre mains pour soigner l'enfant atteint du syndrome du KISS
Plus l'enfant est pris en charge de façon précoce, mieux c'est, car cela permet d'éviter des retards de développement qui pourraient avoir des répercussions sur les différents apprentissages (comme s'asseoir, l'acquisition du langage, de la marche...). Le traitement du syndrome de KISS est basé sur le déblocage et le rééquilibrage de la jonction entre les deux premières vertèbres cervicales. Pour cela, la présence de deux ostéopathes est nécessaire. Du fait de la jeunesse des patients et de la zone à traiter, les ostéopathes vont corriger les dysfonctionnements uniquement par des mobilisations douces qui ne vont être perceptibles que sur quelques millimètres. Le but final est de rétablir le bon positionnement des vertèbres et de décomprimer les nerfs crâniens attenants, afin d'apporter détente et soulagement au jeune enfant. Une fois la zone crânio-cervicale traitée, les praticiens rééquilibreront la colonne vertébrale, puis vérifieront l'ensemble des structures de l'organisme. La prise en compte de la santé de l'enfant, dans sa globalité, permettra de normaliser sa posture tout en lui redonnant de la mobilité.
Le syndrome de KISS fait encore aujourd'hui l'objet de controverses en France, du fait du manque d'études et de publications sur le sujet. Cependant, de plus en plus d'ostéopathes, à l'exemple de leurs homologues allemands, approfondissent leurs connaissances sur le syndrome de KISS et peuvent ainsi le traiter efficacement. Gardons à l'esprit qu'au-delà de la méconnaissance d'un trouble qui peut faire débat durant encore des décennies, c'est l'intérêt des enfants d'aujourd'hui qui est entre les mains des ostéopathes et, en conséquence, la santé des adultes de demain.
Les conseils donnés dans cet article ne se substituent, en aucun cas, à un diagnostic posé par un médecin ou par tout autre professionnel de santé, ni à un traitement médical.