Jeux vidéo et ostéo

Si, aux États-Unis et en Corée du Sud, il est aujourd'hui courant que les joueurs de jeux vidéo professionnels soient suivis par un ostéopathe, à l'instar des sportifs de haut niveau, cet accompagnement reste anecdotique en France. L'absence de cause à effet entre jeux vidéo et certaines pathologies, du moins dans l'esprit de nombreux professionnels de santé, y est probablement pour quelque chose. Cependant, jouer devant un ordinateur pendant plusieurs heures d'affilée sollicite l'organisme et peut créer, à terme, des problèmes physiques. Consulter un ostéopathe de façon régulière est un moyen efficace d'empêcher la survenue de ceux-ci.

Tous les joueurs ne sont pas égaux

Le risque, pour les gamers (terme anglais employé pour désigner les joueurs), de développer une pathologie dépend, en premier lieu, de la catégorie à laquelle il appartient. On en distingue généralement trois :

1. celle des joueurs occasionnels,
2. celle des réguliers
3. et enfin, les professionnels.

Les premiers ne jouant qu'une à deux fois par semaine, ont peu de chance d'être affectés par la pratique du jeu. La deuxième catégorie concerne les personnes qui jouent tous les jours ou presque, ce qui représente un Français sur trois. Ceux-ci ont plus de risque de développer des pathologies au niveau des membres supérieurs, ainsi que des problématiques liées à leur posture devant l'écran. Enfin, entrent dans la catégorie des joueurs professionnels, les personnes qui jouent tous les jours et pendant plusieurs heures d'affilée. Ceux-ci sont un peu à part, car ils peuvent être comparés à des sportifs qui s'entraînent longuement pour parfaire leurs gestes. D'ailleurs, dans le cas des jeux vidéo, on parle de e-sport (e pour electronic) pour définir la pratique, seul ou en équipe, d'un jeu vidéo sur Internet. Les pathologies développées par les pro gamers reprendront celles situées précédemment et seront également fonction du type de jeu (combat, tir...) pratiqué.

Les troubles développés par les joueurs dépendent aussi du type de support sur lequel ils jouent. La proportion des joueurs sur téléphone portable a fortement augmenté ces dernières années et représente aujourd'hui plus de la moitié de ceux-ci. Malheureusement, cela a également pour conséquence de voir apparaître une mauvaise position avec un dos particulièrement voûté. Le joueur sur console aura, quant à lui, souvent tendance à être positionné trop bas par rapport à l'écran, ce qui l'obligera à garder le cou en extension. D'autre part, le fait d'être assis dans un canapé ou un fauteuil maintient généralement les lombaires de façon insuffisante. Enfin, le joueur sur ordinateur risque de développer les mêmes troubles qu'une personne qui travaille toute la journée sur un poste informatique, du fait, entre autres, d'une mauvaise ergonomie de ce dernier.

Les jeux vidéo, ça peut faire mal !

Les douleurs liées à la pratique du jeu vidéo se situent essentiellement au niveau des membres supérieurs et du dos. La contraction, de façon prolongée, des muscles du bras et fléchisseurs du coude amène fréquemment les joueurs à adapter leur posture. Ainsi, le gamer a tendance à se positionner les épaules vers l'avant, ce qui peut créer des douleurs qui seront ressenties jusqu'à l'omoplate. La fatigue oculaire, associée à une position du cou trop vers l'avant, peut entraîner des douleurs au niveau des vertèbres cervicales avec, pour conséquences possibles, des hernies discales et des névralgies (douleurs sur le trajet d'un ou plusieurs nerfs).

La sur-sollicitation des mains et des doigts augmente le risque de tendinites, d'arthrose au niveau des pouces, ainsi que, à plus ou moins long terme, celui de développer le syndrome du canal carpien. Ce TMS, bien connu du monde du travail, est dû à la compression du nerf médian du poignet. Il se traduit par des douleurs et des fourmillements se diffusant jusqu'aux doigts et à l'avant-bras. Si les symptômes s'aggravent, le nerf peut être endommagé ce qui entraînera à la fois une diminution de la sensibilité tactile et une baisse de la force musculaire du pouce. Selon le niveau de gravité, une chirurgie peut être préconisée ce qui obligera le joueur à cesser son activité pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

L'ostéopathie : prévenir pour garder le plaisir du jeu

Pour le joueur de jeux vidéo, la prévention est essentielle, c'est pourquoi lors de la consultation chez l'ostéopathe, ce dernier doit fortement insister sur celle-ci. En faisant comprendre au patient que de la préservation de ses capacités physiques vont dépendre ses performances, celui-ci va forcément être sensibilisé et en comprendre les enjeux. Les conseils donnés par l'ostéopathe se situeront à plusieurs niveaux :

• tout d'abord, la posture : le joueur doit être conscient de celle-ci afin de la corriger s'il y a lieu. Il doit notamment être assis sur un siège adapté qui soutient bien ses lombaires et positionner l'écran à la hauteur de ses yeux.
• l'importance de faire des pauses régulières. Celles-ci seront l'occasion pour le joueur de se lever, de marcher, de faire des étirements des bras et de détendre sa nuque.
• les yeux : sur un écran d'ordinateur, la fatigue oculaire peut créer des maux de tête et des tensions dans le cou. Le joueur évitera ces désagréments en fermant les yeux quelques secondes ou en faisant du palming (exercice de relaxation oculaire).
• l'hydratation : comme dans toute action qui sollicite les muscles et les contracte, de la chaleur est produite, entraînant une perte d'eau. Pour éviter de se déshydrater et, en conséquence, de faire baisser ses performances, le joueur doit penser à boire régulièrement de l'eau.

Dans une approche plus curative, le traitement des douleurs d'un gamer passera par des manipulations visant à redonner de la souplesse aux muscles trop sollicités et à éliminer les restrictions de mobilité au niveau des articulations. L'ostéopathe veillera également à rééquilibrer la posture générale du patient pour éviter la survenue de dorsalgies.

Si la majorité d'entre nous pense, à tort, qu'il n'existe aucun risque à jouer aux jeux vidéo, car cela reste une activité statique, il est plus que temps de changer les mentalités et de sensibiliser à la fois les joueurs et les professionnels de santé aux problématiques liées à une pratique régulière ou intensive du jeu. Dans cette optique, les ostéopathes ont un rôle prépondérant à jouer en informant leurs patients sur les pathologies qu'ils sont susceptibles de développer et en agissant de manière préventive sur celles-ci.

Les conseils donnés dans cet article ne se substituent, en aucun cas, à un diagnostic posé par un médecin ou par tout autre professionnel de santé, ni à un traitement médical.