Ostéo, comment je me suis installé (1ère partie)
Conseils et astuces pour les jeunes ostéopathes
Par Maria Marais, ostéopathe à Belloy-en-France (Val-d'Oise), Léa Munnier, ostéopathe à Sévérac-le-Château (Aveyron), Grégory Perlié, ostéopathe à Rocbaron (Var) et Cédric Soula, ostéopathe à Aurignac (Haute-Garonne).
Jeune ostéo padawan, tu viens juste de sortir de l'école et tu ne rêves que d'une chose : t'installer à ton compte ! Ça tombe bien, car nous avons demandé à quatre grands maîtres Jedi-ostéos de te montrer la voie, non pas celle de la sagesse, mais celle d'une installation réussie. Ce sujet très fourni fera l'objet d'un second article, car nous n'avons nullement l'intention de te noyer sous une tonne d'informations. Nous développerons donc ici principalement tout ce qui touche à l'argent (et nous en profiterons aussi pour connaître un peu mieux nos interviewés !) Tu es sûrement au courant, qu'à un moment ou à un autre, la question financière va se poser pour ton projet d'installation. Nous t'invitons donc à plonger au cœur même de ce thème brûlant qui est, comme chacun le sait, le nerf de la guerre, inhérent à chaque projet important !
La question essentielle : ai-je suffisamment de trésorerie pour démarrer ?
Parmi les bonnes questions à se poser en tant que jeune ostéopathe, Maria soulève celle qui concerne le côté financier. En effet, avant de vous installer, vous devez vous assurer que vous avez suffisamment d'argent pour louer un local et prévoir les travaux de rafraîchissement en cas de besoin. L'achat de l'indispensable table de travail représente un budget conséquent, et il faut également prendre en compte les consommables, le système informatique, pour les dossiers dématérialisés, ou des meubles de rangement pour des dossiers papier, ainsi qu'un bureau, des chaises, etc. Vous devrez également prévoir un budget pour les assurances RCP et autres, les logiciels de réservation en ligne et/ou de patientèle. Toutes ces choses doivent être chiffrées avant de vous lancer, car vous en devrez vous acquitter des sommes correspondantes avant de pouvoir les amortir. Sachez qu'en tant qu'entrepreneur, pour chaque consultation encaissée, environ 19 % seront payés à l'URSSAF, puis vous devrez déduire vos charges fixes avant de pouvoir vous verser un salaire. C'est pourquoi il est donc important de bien choisir son implantation et de fidéliser les patients pour réussir à remplir convenablement son agenda. (Nous reviendrons plus en détail sur ces deux points dans le prochain article.)
Remplaçant pour débuter : bonne ou mauvaise idée ?
Même si Cédric n'a jamais effectué de remplacement, comme la majorité des confrères diplômés de sa promotion, il est d'accord avec Maria pour dire que c'est une bonne option pour acquérir les ressources financières nécessaires à l'ouverture d'un cabinet d'ostéopathie si vous n'en avez pas suffisamment pour vous installer. Pour Léa, Grégory et Cédric, cette solution permet aussi de perfectionner sa pratique ostéopathique avant l'ouverture de son propre cabinet.
Ça ouvre le champ des possibilités.
Grégory Perlié
Pour Grégory, en côtoyant beaucoup d'ostéopathes, on observe différentes façons de pratiquer. D'ailleurs, Léa regrette de n'avoir fait qu'un mois de remplacement, elle aurait aimé continuer, car cela permet de côtoyer des populations différentes, à chaque remplacement et également de voir différentes façons de gérer un cabinet d'ostéopathie (comptabilité, équipements, planning...) Cédric ajoute que cela permet également de s'assurer un revenu, lorsque les premiers mois en cabinet libéral s'avèrent être compliqués, en combinant remplacement et installation.
Grégory ajoute qu'il faudra cependant coller à l'esprit du cabinet dans lequel vous travaillez, mais Maria pense que si le nouveau diplômé connaît bien son lieu géographique pour s'installer, suite à son étude de marché, et s'il a la trésorerie nécessaire (pour acheter la table, les meubles, louer un local, prévoir les travaux, etc.), il vaut mieux s'installer tout de suite. De toute façon, pour Cédric, le remplacement n'est pas une situation professionnelle stable et Grégory d'ajouter qu'il préfère l'assistanat pour encadrer les jeunes ostéos, quitte à faire plusieurs cabinets.
Être locataire ou propriétaire de son cabinet
Léa, Grégory et Cédric sont locataires de leur cabinet d'ostéopathie, pour des raisons financières, ayant jugé que l'achat d'un local était vraiment trop onéreux pour débuter. Cependant, Léa fait le projet de devenir propriétaire d'un local dans le futur pour tout simplement diminuer ses charges et Grégory pour l'expansion des activités, projet qu'il espère concrétiser rapidement dès qu'une occasion se présentera.
Si Maria est propriétaire de son local, c'est parce qu'elle n'en a pas trouvé à louer dans la région géographique choisie. Elle a donc décidé de faire des travaux de mise en conformité dans une dépendance existante, à côté de son domicile. Cependant, elle précise que dans ce cas, il faut penser à déclarer la dépendance comme un local professionnel, ce qui implique de payer des impôts professionnels et Grégory d'ajouter qu'il faut, dans tous les cas, fuir les loyers trop élevés.
Pour l'équipement : du neuf ? De l'occasion ? Un peu des deux ?
Maria a acheté sa table électrique neuve (et payable en plusieurs fois), ainsi que ses blouses et consommables. Cependant, ses meubles (bureau, chaises, armoires, etc.) sont d'occasion. Elle trouve que c'est un bon compromis. Cédric et Grégory ont préféré acheter tous leurs équipements neufs. Pour le premier, l'ostéopathie nécessitant peu d'investissement, il lui a semblé important d'utiliser cette chance pour offrir un service de qualité aux patients et, pour lui, cela passe aussi par le matériel. Pour le second, une petite réserve d'argent et un crédit-bail lui ont permis d'investir aussi dans son matériel pour la cryothérapie, la técarthérapie et la pressothérapie, seule sa table annexe est d'occasion, mais de marque !
De même, Léa conseille d'investir dans quelque chose de neuf, car c'est en effet un investissement que vous allez amortir sur les années à venir. Actuellement, elle utilise une table de pratique manuelle, mais elle a pour projet d'en acheter une électrique qui sera rentabilisée au fil du temps. Ensuite d'un point de vue aménagement du cabinet, là, c'est le moment où vous pouvez faire de la récup pour tout ce qui est bureau, chaises, etc. D'autre part, concernant le matériel (blouses, draps d'examen...) elle complète par :
Demandez conseil aux ostéopathes que vous connaissez : ils ont toujours des bons plans et des petites astuces pour faire quelques économies.
Léa Munnier
Quelques outils pour faciliter votre quotidien et faire des économies
Parmi les outils qui facilitent leur quotidien en tant qu'ostéopathes, Léa et Maria citent immédiatement le logiciel Osteo2ls. Maria précise que ce qui l'aide en particulier est le dossier dématérialisé avec le système de suivi de consultation. Cet outil consiste en un mail envoyé directement par le logiciel pour demander, au bout de quelques jours, des nouvelles de votre patient. Cela permet à Maria d'avoir un retour d'environ 70 %. Le deuxième outil est la solution pour les rendez-vous en ligne. Maria s'en est créé d'autres comme l'impression à l'avance des étirements à effectuer en fonction du problème présenté (lombalgies, sciatalgies, omalgies (ndlr : douleur à l'omoplate), etc.). Elle les remet, après la consultation, à son patient en cas de besoin, ce qui représente un plus à la fois pour celui-ci et aussi pour l'ostéopathe. Grégory utilise des techniques de soins comme la técarthérapie et la cryothérapie qui accélèrent le traitement des tendinites, même s'il reste un ostéopathe avant tout.
J'utilise les logiciels Excel et Osteo2ls pour faire ma comptabilité.
Léa Munnier
Léa explique qu'avec ces outils, elle évite d'avoir recours aux services onéreux d'un comptable. Elle réalise également des économies concernant les factures des consultations qu'elle envoie de plus en plus par mail avec ses patients grâce au logiciel Osteo2ls. Léa utilise également une logiciel de prise de rendez-vous en ligne qui lui permet de diminuer le nombre d'appels. L'adhésion à une association ou à un organisme de gestion agréé vous donne également la possibilité de bénéficier d'avantages fiscaux et de conseils sur la gestion d'entreprise, car un bon comptable ça reste coûteux, mais vous pouvez aussi utiliser Georges le robot comptable, une application développée pour les indépendants.
Comment tous les chemins mènent à l'ostéopathie (ou presque !)
Pour terminer, partons à la rencontre de nos quatre maîtres Jedi-ostéos, ceux-là même qui viennent de vous distiller de précieux conseils qui, nous en sommes sûrs, vous aideront à vous installer plus sereinement !
Maria Marais : une reconversion pour un métier plus humain
Vers l'âge de 37 ans, Maria a fait une reconversion professionnelle, alors qu'elle était cadre dans le domaine des achats pour un grand groupe. La tournure capitaliste et peu humaine que son poste prenait, l'a fait réfléchir sur la suite à donner à sa vie professionnelle et lui a donné envie d'un métier plus humaniste.
Elle a fait une première année de mise au niveau, puis cinq ans d'études ostéopathiques à l'école Holistéa à Cergy-Pontoise.
Elle s'est installée en juillet 2019, la même année que celle de l'obtention de son diplôme, car elle avait envie de commencer à développer sa patientèle.
Vous pouvez retrouver Maria sur ses pages Facebook et Instagram, pages dédiées aux publications en matière de santé, liées ou non à l'ostéopathie, et qui reprennent également les nouveautés du cabinet, les fermetures exceptionnelles, etc.
Léa Munnier : de la littérature à l'ostéopathie
Après un baccalauréat littéraire obtenu en juin 2014, Léa a intégré une école préparatoire au concours de masseur-kinésithérapeute, afin de faire une remise à niveau scientifique. C'est pendant cette année, remplie de doutes sur son orientation, que Léa a rencontré plusieurs personnes qui l'ont amenée sur le chemin de l'ostéopathie et lui ont transmis leur passion. En septembre 2015, elle a donc intégré l'Institut Toulousain d'Ostéopathie. Après 4860 heures de formation et la validation de son mémoire sur le handicap, Léa a obtenu son diplôme d'ostéopathe le 3 juillet 2020. Ensuite, durant un mois, elle a effectué des remplacements pour forger son expérience. Puis, au mois d'août, une opportunité s'est présentée qui lui a permis d'ouvrir son propre cabinet à Sévérac-le-Château en Aveyron où elle exerce trois jours par semaine, le reste du temps étant dédié aux visites à domicile.
Par la suite, Léa aimerait continuer à se former auprès de centres spécialisés afin de développer sa pratique, notamment dans le domaine de l'ostéopathie pour les femmes enceintes et les nourrissons.
Le site Internet de Léa a pour but d'aider les personnes à mieux la connaître avant de venir la rencontrer. Elle y explique aussi rapidement en quoi consiste l'ostéopathie et à qui elle s'adresse, pour ceux qui ne connaissent pas encore cette pratique. Il y a également une rubrique contact et prise de rendez-vous qui permet au patient de trouver rapidement les informations pour contacter Léa. À l'avenir, elle aimerait enrichir son site avec une rubrique blog contenant des articles où les patients retrouveraient des conseils utiles au quotidien.
Cédric Soula : de patient convaincu à ostéopathe
Suite à l'obtention d'un bac STL, Cédric s'est directement dirigé vers une formation en ostéopathie. Arrivé à la fin des années de lycée, il était certain de vouloir s'orienter vers un cursus en lien avec la santé, mais il ne savait pas lequel.
C'est à cette même période qu'il est allé consulter un ostéopathe, pour la première fois, suite à une lourde chute. À la fin de cette consultation, comme il n'avait plus aucune douleur, il a décidé de se renseigner davantage sur ce métier.
Il a découvert que l'ostéopathie ne prenait pas seulement en charge les maux de dos, comme il peut être courant de le penser, mais également d'autres symptomatologies qu'il n'avait encore jamais imaginées. Le nombre considérable d'indications pour un traitement ostéopathique a convaincu Cédric de devenir ostéopathe. Il a démarré son activité en 2020 suite à l'obtention de son diplôme d'ostéopathe, après un cursus de cinq années au CSO de Toulouse.
Cédric a créé son site Internet pour la prise de rendez-vous en ligne, la présentation, avec des mots simples, de ce qu'est l'ostéopathie et la façon dont se déroule une séance.
Grégory Perlié : sportif et ostéopathe du sport
Avant d'être ostéopathe, Grégory a été sportif de niveau, en faisant partie du pôle espoir judo jusqu'à ses 19 ans, puis sportif de haut niveau jusqu'à ses 22 ans. Il a dans le même temps, fait une terminale scientifique, puis a intégré le Centre de Soins d'Ostéopathie ATMAN à Sophia-Antipolis (ndlr : situé à Valbonne dans les Alpes-Maritimes). Grégory a obtenu son diplôme d'ostéopathe en 2010 et celui d'ostéopathie du sport en 2011. Il a démarré son activité en novembre 2011, en libéral, comme ostéopathe pour les rugbymen Espoir au centre de formation du RCT de 2011 à 2016, et a aussi travaillé en maison de retraite entre 2010 et 2012.
Sur son site Internet, Grégory détaille ses parcours personnel et professionnel, son diplôme, les techniques qu'il utilise et les performances du cabinet en équipements.
Il explique également pour quelles pathologies ces derniers sont utilisés et pour quels patients. Vous y trouverez également des informations pratiques comme ses tarifs et ses horaires de consultation.