Doit-on consulter un ostéopathe sans motif particulier ?

Consulter un ostéopathe avant d'avoir mal et agir ainsi de façon préventive semble être une croyance largement répandue. Or, contrairement à ce que pensent les patients, cette façon de voir les choses n'est pas forcément une approche partagée par l'ensemble des ostéopathes. Pour savoir exactement de quoi il retourne, nous avons demandé à Philippe Le Mentec, un ostéopathe qui est également conseiller national de l'association des Ostéopathes de France, de répondre à nos questions. Il nous explique donc en détail s'il existe un intérêt à consulter sans motif particulier et, plus précisément, à prendre rendez-vous lorsqu'on n'a mal nulle part.

Philippe Le Mentec : un ostéopathe curieux et actif

L'intérêt de consulter un ostéopathe si le patient ne souffre pas

La priorité : comprendre les attentes du patient

Lorsqu'un patient sollicite une consultation alors qu'il ne présente aucune douleur ni signe d'inconfort, il est primordial de bien appréhender la demande et les attentes de ce dernier. Philippe ne pense pas que le préventif soit particulièrement pertinent. Quand on parle de prévention, il est important de bien définir ce que l'on prévient. Les symptômes qui amènent les patients à consulter un ostéopathe surviennent quand l'organisme n'est plus en capacité de s'adapter aux contraintes auxquelles il est exposé. Celles-ci sont le plus souvent extérieures au patient et s'appliquent à lui de manière non prévisible. Prenons l'exemple d'un patient présentant de supposées faibles capacités d'adaptation. Il n'aura pas de symptômes tant que les contraintes auxquelles il est exposé ne dépassent pas ces dernières en termes d'intensité et de durée d'exposition. A contrario, un patient aux capacités d'adaptation supposées fortes déclarera des symptômes dès que les contraintes auxquelles il est soumis dépasseront ces dernières. Autrement dit, la prévention reviendrait à nous engager à maîtriser en permanence les capacités d'adaptation nécessaires à chaque patient, ce qui est un procédé qui semble tout à fait subjectif, dépendant avant tout de l'intensité et de la durée d'exposition aux contraintes.

La prévention en question

De plus, les récents travaux de recherche dans le domaine des neurosciences mettent en avant la nécessité d'une prise en charge centrée sur la personne, contrairement à une prise en charge centrée sur le corps qui est encore largement pratiquée. A ce jour, l'état des connaissances ne permet pas d'expliquer le ressenti des patients par les dysfonctions ostéopathiques que nous pourrions retrouver chez lui. De ce fait, effectuer de la prévention chez un patient en corrigeant des dysfonctions ostéopathiques ne peut qu'engendrer de la satisfaction chez ce dernier, d'autant plus qu'il se trouve encore dans un état de confort. Mais ne rien faire engendrerait le plus souvent les mêmes effets. Par contre, si la demande du patient est de mieux se sentir et de prendre en charge des maux qui impactent son quotidien, alors la démarche est tout autre. En effet, s'il vient avec des attentes d'amélioration, c'est donc que son état actuel n'est pas optimal. C'est alors au praticien, dans ce cas, d'évaluer la pertinence d'accepter de proposer ou non une prise en charge au patient, en tenant compte de l'ensemble des éléments présentés par ce dernier.

De très rares consultations sans motif particulier

Des motifs parfois infondés

Les patients consultent rarement Philippe sans motif particulier et il avoue qu'il ne fait rien de particulier pour les encourager dans ce sens. Les meilleurs facteurs de satisfaction d'un patient étant liés à ses attentes, notre interviewé évite de se retrouver dans la posture de devoir répondre à des attentes illusoires ou trop peu fondées. Par exemple, imaginons un patient qui consulte en prévention et déclare dans le mois suivant des douleurs suite à un effort trop intense ou trop répété, ou des douleurs spontanées. C'est une situation inévitable face à laquelle n'importe quel ostéopathe pourrait se retrouver. Quand un patient se présente pour un bilan, Philippe lui demande systématiquement quelles sont les raisons qui ont justifié la nécessité de consulter, en l'état actuel de sa santé. Il est très fréquent que ces patients présentent des inconforts permanents ou répétés dans certains mouvements et dans certaines positions. L'amélioration de leur confort et la diminution de leurs gênes douloureuses, souvent décrites comme minimes mais présentes, devient alors un objectif raisonnable de prise en charge, autour duquel l'ostéopathe et le patient peuvent établir un contrat de soins.

Consulter aussi pour être rassuré

Il arrive fréquemment que cette demande soit également liée à des angoisses de la part des patients ou des parents quand la demande concerne leur enfant. Dans ce cas, l'examen clinique réalisé permet très souvent de les rassurer et ainsi de répondre à leurs interrogations. Cette démarche est aussi parfois liée à un besoin de réassurance avant une épreuve sportive ou des épreuves d'aptitude physique. Mais il s'agit dans ce cas d'un contexte particulier et d'une demande ponctuelle.

Une façon de traiter et des résultats qui surprennent parfois les patients

Plus que les maux, il s'agit souvent de la manière de travailler qui surprend positivement les patients. Ces derniers sont souvent étonnés des changements constatés suite à un travail en douceur. Concernant les maux, il y a en effet beaucoup moins de surprises, car la douleur est un processus conscient. La personne qui a mal sait toujours qu'elle a mal. De ce fait, quand les patients viennent avec une demande précise de soulagement, l'amélioration qu'ils peuvent constater fait partie des effets attendus. De même, au début de la consultation, l'ostéopathe soumet habituellement le patient à un interrogatoire exhaustif sur son état. Cela a pour conséquence, chez ce dernier, de se concentrer sur ses douleurs et ses zones d'inconfort et cela place, en conséquence, leur soulagement parmi les effets possibles.

Le conseil des trois consultations par an chez un ostéopathe

Le conseil de trois consultations par an chez un ostéopathe est purement arbitraire et subjectif. Il est plus pertinent de sensibiliser les patients à rester attentifs à leur ressenti et de consulter quand ils en ressentent le besoin. Il est toujours plus facile de donner satisfaction en répondant à une demande clairement formulée plutôt que si l'ostéopathe en créait une à laquelle il voudrait répondre.

Des étapes de la vie où l'intervention d'un ostéopathe peut s'avérer nécessaire

Il n'y a pas, de manière fondée, des périodes de la vie où la consultation d'un ostéopathe peut s'avérer obligatoire. Dans la toute petite enfance, une mauvaise adaptation après la naissance s'accompagne très souvent de symptômes qui constituent alors le motif de consultation. De la même façon, lors de la croissance, puis à l'âge adulte, l'absence de symptômes est le témoin de capacités d'adaptation suffisantes en lien avec les besoins du moment.

Le déroulement d'une séance d'ostéopathie lorsque le patient dit se sentir plutôt bien

Quand le patient dit se sentir plutôt bien, il est important de lui faire verbaliser à quoi correspond le mot plutôt . Qu'est-ce qui, selon lui, serait mieux ? Quelles sont ses attentes ? Cela permet de fixer des objectifs rationnels et réalisables et surtout d'éviter toute attente infondée de sa part.

Le secret d'un traitement ostéopathique de fond réussi

Pour Philippe, un traitement réussi pourrait correspondre à celui qui permettrait de répondre aux objectifs fixés avec le patient. Il est donc essentiel de rester mesuré dans la détermination de ceux-ci, afin de ne pas générer d'attentes déraisonnables chez la personne.

Le message particulier que Philippe aimerait faire passer

Pour résumer, un patient déjà en état de bonne adaptation ne déclarera aucun symptôme, du moins spontanément. De ce fait, il est normal qu'après une séance à but préventif, il se sente bien. Mais c'était bien souvent déjà le cas avant.

Le logiciel Osteo2ls : quasiment parfait ?

Osteo2ls est maintenant un élément indispensable à l'activité de Philippe. Il le décrit comme :

un logiciel complet, simple d'utilisation, fonctionnel, que demander de plus ?

Philippe Le Mentec

L'association Ostéopathes de France

Plutôt que de son site Internet, qu'une simple recherche sur Google permet aisément de retrouver, Philippe préfère parler d'Ostéopathes de France, association socio-professionnelle représentative à vocation syndicale. Il est, pour lui, nécessaire de rappeler que les acquis obtenus par la profession peuvent, à tout moment, être remis en question. En conséquence, leur préservation et leur amélioration sont des combats de chaque instant afin que l'ostéopathie trouve et conserve pleinement la place qu'elle mérite au sein des professions de la santé. L'ensemble des associations professionnelles agit en permanence en ce sens et les soutenir est nécessaire pour leur permettre de mieux aider les ostéopathes.