Un ostéopathe fait-il forcément craquer ?

Par Marina Pendaries, ostéopathe à Villeneuve-Tolosane (Haute-Garonne)

Chez les ostéopathes, il y a ceux qui font craquer et ceux qui ne font pas craquer. Chez les patients, il y a ceux qui apprécient ce craquage et ceux qui ne l'aiment pas du tout, quitte à changer d'ostéo dès qu'ils vivent l'expérience désagréable de cette douce mélodie orchestrée par le praticien. Et, bien sûr, chez les Papous, y'a les Papous à poux et les Papous pas à poux, et les Papous papas... Bref, pour en revenir au craquage, nous avons demandé à une ostéopathe, Marina Pendaries, de nous éclairer sur le sujet et ses réponses vont, à coup sûr, vous faire craquer !

Marina Pendaries ou quand soulager par la main, c'est le pied !

Marina Pendaries est une ostéopathe de 29 ans, diplômée depuis juin 2018 et installée en périphérie de Toulouse, plus précisément à Villeneuve-Tolosane. Après avoir suivi des études diverses dans les domaines scientifique et animalier, elle s'est finalement rapprochée de l'ostéopathie par conviction et par une envie de soulager les maux des proches qui l'entourent.

Soulager par la main, que demander de plus ?

Marina Pendaries

Marina Pendaries, ostéopathe à Villeneuve-Tolosane

À l'origine, c'est l'ostéopathe de Marina qui lui a fait découvrir cette pratique, quelques mois avant qu'elle n'entre en première année, en la soulageant en une seule séance. Une seule séance : certains diraient même qu'il s'agit d'un vrai miracle ! Marina a donc fait ses études d'ostéopathie au Conservatoire Supérieur d'Ostéopathie de Toulouse. Depuis, elle pratique l'ostéopathie dans son ensemble en ne se limitant pas uniquement à la pratique ostéo-articulaire. Marina aime à penser que la prise en charge globale est plus efficace, car il existe des liens dans chacun de nos maux avec tous les systèmes du corps humain, qu'ils soient articulaires, musculaires, neurologiques, vasculaires, viscéraux ou même crâniens.

Ce petit crac dont certains patients sont fans, mais qui en effraie tant d'autres...

Marina avoue faire parfois craquer ses patients, lorsqu'elle effectue des manipulations dites structurelles qui peuvent se faire entendre par le fameux crac. Cependant, il ne s'agit pas d'un acte systématique chez tous les patients, ni à chaque séance. D'ailleurs, les ostéopathes qui pratiquent la manipulation qui craque, savent qu'il n'existe pas de risques sous-jacents à ladite manipulation. Cela signifie que la prise en charge d'une personne âgée sera différente de celle d'une personne souffrant d'une hernie discale ou d'une autre souffrant d'ostéoporose. De même, l'ostéopathe n'abordera pas de la même manière une femme enceinte, une personne qui pratique le sport de manière intense, ou encore un enfant. Pour la simple raison que le praticien sait s'adapter. Et c'est une certitude, car il a appris, au cours de ses années d'études, des techniques diverses qui agissent sur différentes structures et qui font craquer ou pas. D'ailleurs, précisons que la manipulation structurelle n'a pas besoin du crac pour être efficace. Le petit bruit que l'on entend est parfois présent, parfois absent, cela dépend des patients, de la manipulation et aussi de l'importance de la perte de mobilité de l'articulation.

Mais pourquoi donc ça craque ?

Comme expliqué plus haut, le crac que l'on peut entendre au cours d'une manipulation (structurelle ou non car, au final, même en faisant une manipulation douce, si les tensions sont levées, l'articulation mobilisée en douceur peut craquer) ne se produit pas systématiquement. Il est d'ailleurs important de préciser que le crac ne provient pas des os, mais de l'articulation. Pour rappel, une articulation, c'est la jonction entre deux os. De façon schématique, on peut la représenter par une boule qui s'emboîte dans un demi-cercle. Ces deux os réunis sont entourés par une capsule (qui peut être comparée, avec un peu d'imagination, à un ballon de baudruche ou à un pince-doigts) qui maintient les deux os unis fermement, en les englobant.

Comparaison très imagée avec un pince-doigts
Comparaison très imagée avec un pince-doigts.

Sur le côté de la capsule qui est contre l'articulation, donc en face interne, se trouve une membrane qui va sécréter un liquide : le liquide synovial. Celui-ci est très important, car outre le fait qu'il va apporter les nutriments à l'articulation et éliminer les déchets liés au fonctionnement de celle-ci, il va surtout permettre que les os ne frottent pas. Il ajoute une sorte de pneumatisation à l'articulation qui amortit les chocs. Comme quoi, la nature est bien faite !

Schéma d'une articulation très schématisée et simplifiée - Coupe frontale
Schéma d'une articulation très schématisée et simplifiée - Coupe frontale.

Et le crac dans tout ça ? Eh bien, il est quelque part là-dedans. Lorsque l'ostéopathe fait une manipulation, il se crée une dépression intracapsulaire (dans la capsule articulaire) qui va libérer des gaz dans la cavité articulaire. (Là où il y a le liquide.) Ces gaz vont se réunir et former de toutes petites bulles qui éclatent lors de la manipulation, car écrasées par la pression du liquide sur elles. Et boum ! Ou plutôt : Crac ! L'ostéopathe ne vous a pas cassé un os, il a juste fait imploser quelques gaz dans le liquide qui nourrit et protège votre articulation. Et c'est génial, car le gaz ainsi éliminé laisse plus de place pour les nutriments ;)

Un intérêt particulier au craquage ?

Marina explique qu'il n'y a pas véritablement d'intérêt à faire craquer.

En fait, c'est juste un bruit, un phénomène qui va se produire spontanément si la pression intra-articulaire nécessite l'éclatement de ces petites bulles.

Parce que des fois, on aime bien ça aussi

C'est, en définitive, un effet naturel. Si l'on veut pousser l'analyse plus loin, sur le plan ostéopathique, les manipulations dites structurelles (appelées HVBA pour Haute Vélocité Basse Amplitude, ou rapides et courtes si vous préférez) peuvent se faire entendre par le petit crac, mais parfois pas. (Si les bulles ne sont pas assez pressées par le liquide et ne peuvent pas éclater, ça ne fera pas de bruit.)

Donc, la qualité de la manipulation de votre praticien ne se résume pas uniquement au bruit que vous entendez parfois. Il se peut que la manipulation ne fasse pas craquer, mais que la structure sur laquelle voulait agir l'ostéopathe soit libérée. Le praticien ne saura en apprécier le résultat qu'en vérifiant, de nouveau, la mobilité de l'articulation après l'avoir manipulée.

Le plus important est de restaurer une bonne mobilité articulaire. Cela va se traduire par la qualité et la quantité de mouvement obtenues par l'articulation, et ce, dans les différents plans de l'espace dans lesquels elle peut se mouvoir. Pour ce faire, il faut que le liquide synovial reste fluide pour bien remplir son rôle de lubrifiant de l'articulation et de nutrition/épuration.

Comment garder la synovie fluide ?

En bougeant tout simplement. En effet, la mobilité de l'articulation entraîne une augmentation de sécrétion du liquide par la membrane et, à l'inverse, l'immobilité rend le liquide plus visqueux et moins efficace. Dans tous les cas, si le patient pense que l'éclatement de ces petites bulles va le soulager de ses maux, il faut bien comprendre que celles-ci ne sont pas responsables de ses douleurs. C'est la raison pour laquelle il ne faut pas s'attendre à un soulagement immédiat lorsque l'on entend ce petit crac.

Des idées fausses qui font peur à certains patients

Le plus souvent, les patients pensent que l'ostéopathe fait craquer les os et qu'il déplace les articulations. C'est cela qui leur fait peur. Or, comme précisé plus haut, le praticien ne déplace rien et ne casse rien, il mobilise seulement les articulations, et ce, toujours dans le respect des barrières articulaires.

Ce qui peut également effrayer le patient, c'est la mise en place de la manipulation, car il est parfois placé dans des positions surprenantes, ce qui peut être déstabilisant lorsqu'on les vit pour la première fois. De la même façon, le fait que l'ostéopathe pèse de tout son poids sur le patient pour certaines pratiques, ou l'utilisation des techniques cervicales, peuvent également faire peur. Il faut cependant rassurer le patient en lui rappelant que l'ostéopathe ne lui tordra pas le cou parce que ce n'est humainement pas possible !

Une ostéopathe ne vous cassera pas le cou

Les techniques ostéopathiques, qu'elles soient structurelles, musculaires, tissulaires, viscérales ou crâniennes, sont enseignées dans des écoles réglementées (depuis 2012, les cursus de toutes les écoles sont réglementés.) et les praticiens ont cinq années de pratique avant d'être diplômés. Enfin, toutes les contre-indications à la pratique de techniques HVBA sont également enseignées. Ainsi, si votre ostéopathe possède toutes les informations vous concernant, il saura s'il peut ou non pratiquer ce type de manipulation sur vous. S'il ne peut pas, eh bien, il s'adaptera !

Comment rassurer les patients un peu peureux

Marina concède que, si le patient ne souhaite pas de manipulations où ça risque de craquer, dans ce cas, elle s'adapte et utilise d'autres techniques.

Cependant, il arrive parfois que la manipulation s'impose, car tous les autres moyens ne permettent pas de récupérer la mobilité de l'articulation.

Dans ce cas, Marina explique au patient ce qu'est le craquement. Pour Marina, le fait d'expliquer comment va se dérouler la manipulation possède l'avantage d'éviter la surprise et, en conséquence, la crispation. Marina rappelle que, dans une manipulation. Il n'y a rien de pire qu'un patient qui se crispe. C'est d'ailleurs ça qui lui fera mal, et non pas la technique. Marina explique également que la manipulation en elle-même ne fait pas mal, mais que si le patient ressent des douleurs, il faut le dire pour que l'ostéopathe puisse s'y adapter. Marina termine toujours par dire que ça peut craquer ou pas ;) et finalement, tout se passe bien et sans douleur.

Se faire craquer les os soi-même : bonne ou mauvaise idée ?

Quand on fait craquer ses os soi-même, c'est pareil, ce ne sont pas les os qui craquent, mais les articulations. Cependant, le craquement que l'on effectue soi-même n'est pas thérapeutique, car il n'est pas ciblé et, surtout, il n'est pas englobé dans une prise en charge des autres systèmes. Marina pense qu'une simple manipulation, un simple crac, ne sera pas efficace tout seul. Pour obtenir quelque chose d'efficient, il faut prendre en compte la périphérie de l'articulation à traiter, travailler non seulement sur les structures molles de l'articulation (fascia, ligaments et muscles), mais aussi sur les systèmes environnants à celle-ci (vaisseaux, viscères, autres articulations proches).

Le craquement ne doit pas être un tic

Quand une personne se fait craquer elle-même, elle a, de plus, tendance à forcer, c'est-à-dire que ce n'est pas spontané, pas naturel et donc déconseillé.

Le craquement ne doit pas être un tic.

Marina Pendaries

Faire craquer systématiquement les doigts, les orteils, la colonne, ça peut devenir problématique sur le long terme. Pour conclure, le craquement, c'est comme pour tout : il faut le faire avec modération !

Et s'il restait encore une précision à apporter...

Marina souhaite terminer en disant que si ça craque ce n'est pas grave, simplement il ne faut pas que ce soit douloureux. Que ce soit chez vous (avec notre amie modération, bien sûr !) ou chez l'ostéopathe, le craquement ne doit pas faire mal. Lorsque celui-ci entraîne des douleurs, c'est qu'il y a quelque chose de sous-jacent ou qu'il y a eu un traumatisme (fracture, entorse ligamentaire ou rupture tendineuse), ou encore, une usure de l'articulation (au niveau des surfaces articulaires, des ménisques, du cartilage ou du tendon) et il faut alors consulter un médecin !

Voir clair avec Osteo2ls

Marina utilise Osteo2ls et apprécie d'avoir un logiciel avec des fiches patients complètes et une visibilité claire sur chaque patient. Elle est également très satisfaite de la partie comptabilité dont la simplicité lui permet de se débrouiller entièrement seule. Enfin, Marina adoooore le suivi par mail, car grâce à cet outil, nombreux sont ses patients qui lui font un retour après la séance.

Pas de site Internet, mais... une présence sur les réseaux sociaux !

À défaut de site Internet, Marina a une page Facebook, relativement succincte, sur laquelle elle partage des articles qui lui semblent intéressants pour ses patients : Marina Pendaries Ostéopathe D.O.. Marina possède également une fiche sur Google, mais elle avoue qu'elle préfère le présentiel au virtuel, donc...

Le mieux, c'est de venir au cabinet pour papoter parce que je suis très bavarde ;)

Marina Pendaries