L'ostéopathie dans le domaine sportif

Expliqué par des ostéopathes et sportifs

Le sujet est d'actualité : les joueurs de l'équipe de France sont partout, les français profitent des beaux jours pour se mettre au sport ou pour en accentuer la pratique, et les sports en plein air ont le vent en poupe.

Dans le domaine sportif, l'efficacité de l'ostéopathie est reconnue par tous. Pour en comprendre le fonctionnement et l'intérêt, Osteo2ls a interrogé pour vous plusieurs ostéopathes expérimentés, sans oublier bien sûr de demander leur avis sur la fameuse roulade de Neymar ;).

L'ostéopathe dans le domaine sportif

De quelle manière fonctionne l'ostéopathie dans le domaine du sport ?

Benoit Maury, qui a aidé plusieurs sportifs de haut niveau à se préparer pour des échanges cruciaux au cours de leurs carrières, nous explique que l'ostéopathe vient en complément d'une équipe médicale gouvernée par un docteur :

L'ostéopathe va avoir 3 rôles : une action dans la récupération de l'effectif ou du sportif, une seconde action sur le « demain j'ai compétition / j'ai mal / j'ai besoin de toi », qui est la plus importante, et enfin la prévention, pour donner au staff technique un sportif en pleine possession de ses moyens.

Anthony Leone, qui a été traité efficacement par l'ostéopathie avant de devenir lui-même ostéopathe, complète en nous disant que la discipline va en premier lieu avoir un rôle de prévention. Il nous dit que selon le sport et l'intensité pratiquée, un traitement général est primordial à la prévention des blessures et à l'amélioration des qualités sportives. Il nous explique que l'ostéopathie prépare le sportif en rééquilibrant sa posture. Pour lui, il est important d'avoir une vision holistique du patient par rapport à sa vie privée et sportive.

Selon Thierry Cajfinger, ancien gymnaste formé à la kinésithérapie en 1987 puis à l'ostéopathie en 1992, tout dépend où l'on se situe dans le temps et l'espace sportifs car cela va du suivi dans le cabinet à l'intervention sur le terrain. Il nous dit que l'ensemble doit se faire en cohérence avec les autres acteurs et surtout dans la définition de l'amélioration ou de la réintégration du geste ou de sa réalisation.

Pour Loic Aumont, il est important d'exprimer la différence notable entre la pratique ostéopathique et la médecine manuelle. L'ostéopathie s'appuie sur une philosophie de pratique, une vision systémique et de nombreux concepts qui lui sont propres. Vouloir faire de l'ostéopathie, une spécialité de la médecine ou de la kinésithérapie montrerait que les concepts ne sont pas connus, ni maitrisés, et encore moins appliqués.

Nous avons tout à gagner si nous partageons nos connaissances avec les autres disciplines.

Loïc Aumont

Quel est l'intérêt de l'ostéopathie pour les sportifs débutants, intermédiaires ou avancés ?

Thierry, qui a successivement travaillé avec l'équipe cycliste de Normandie, le Granitier Breton, Patrick Dupond et la Fédération d'athlétisme (à l'époque des Diagana, Galfione, Pérec, Aron et Barber), nous indique qu'il s'agit là de toute la difficulté de la discipline car :

L'ostéopathie du sport n'existe pas. L'ostéopathie s'adapte au sport et nécessite une parfaite compréhension du geste, de la physiologie et de l'anatomie du traumatisme. Nous sommes en permanence sur le fil, il faut savoir prendre du recul, ne rien faire si nécessaire, tout faire si nécessaire.

Pour Anthony, ostéopathe référent de clubs de triathlon, l'intérêt de l'ostéopathie pour les experts est rentré dans les mœurs depuis des années. Il nous dit que cumulée à d'autres soins, la pratique de l'ostéopathie est très importante dans la performance, la qualité, l'entretien et la prévention du sportif. Pour lui, à ce stade, c'est de « l'horlogerie ». Il nous dit que pour les sportifs intermédiaires, le suivi est bien plus complexe car les athlètes qui pratiquent leur sport 3, 4 voire 5 fois par semaine sont de grands sportifs sans aucune prévention ni suivi. Il nous confie que c'est peut-être le domaine qu'il préfère car,

Nous sommes dans le sport, mais il y a tout à faire !

Anthony Leone

Il finit en nous disant que pour les sportifs débutants, l'intérêt de l'ostéopathie est plus du suivi et du conseil dans le but d'accompagner le patient dans son loisir (étirements, accessoires adéquats, nutrition, cadence...).

Pour Benoit, l'intérêt de l'ostéopathie pour les sportifs débutants, n'est rien d'autre que de leur permettre d'encaisser dans un premier temps la charge d'entraînement pour pouvoir ensuite permettre au corps d'être en pleine capacité de ses moyens pour pouvoir passer de l'état de sportif débutant à sportifs intermédiaires. Au contraire du sportif expert, le sportif intermédiaire va avoir un souhait de repousser ses limites et donc d'amener son corps dans des situations d'un qu'il ne connaît pas et deux qui peut engendrer un risque ou une apparition de douleurs vives, voire chroniques.

L'ostéopathe aide tous les sportifs

Où se situe la frontière entre « trop » et « pas suffisamment » de sport ?

Pour Loïc Aumont, qui a pratiqué l'athlétisme puis le handball où il est devenu plusieurs fois champion de France, cela va dépendre du niveau d'entrainement, du type de sport, et de la prise en charge médicale. Selon lui, une prise en charge ostéopathique peut augmenter significativement la charge d'entrainement,

Encore faut il un programme adapté et adaptable en fonction du ressenti du sportif.

Loïc Aumont

Il souligne l'importance pour le sportif d'apprendre à respecter son corps, et d'écouter les signaux qu'il lui envoie :

Le corps n'est pas là pour vous limiter, il est juste là pour vous accompagner sur votre chemin, et lorsqu'il exprime un symptôme il cherche à vous faire prendre conscience de vos excès ou vos blocages.

Candice Bernard, ostéopathe spécialisée dans l'ostéopathie du sport, nous dit que la sédentarité étant le principal facteur des fameux T.M.S. du XXIème siècle, ainsi, le « pas suffisamment de sport » est néfaste pour l'organisme. Le manque de tonus musculaire, de souplesse articulaire et musculaire entraine de fréquentes douleurs rachidiennes, ainsi qu'un état psychique demandant à être amélioré. A contrario, un surentrainement ou excès ponctuel de sport entraine également un risque accru de blessures, de douleurs articulaires, musculaires et une fatigue chronique allant puiser dans les ressources du corps.

La limite entre les deux serait dans le bien être dans l'activité professionnelle et/ou sportive, l'efficience, la non douleur, que ce soit pour un sportif de haut niveau ou un individu non sportif.

Candice Bernard

C'est dans cette zone que doivent être préparées les futures performances des sportifs, leur plan d'entrainement, afin d'obtenir le meilleur de cette belle machine qu'est le corps humain sans la « maltraiter » par trop d'efforts ou des efforts inadapté.

Quel est le secret d'un traitement par ostéopathie réussi ?

Pour Candice, qui assure le suivi ostéopathique de pilotes moto d'endurance (24h du Mans, Bol d'or, 8h de Portimao...), de marathoniens et de triathlètes, réussite rime avec victoire ou amélioration de performances après le traitement.

Cela passe par une bonne complicité entre le sportif et son ostéo, pour « traduire » les maux et trouver le réglage optimum de leur belle mécanique !

Selon Loïc, une belle avancé, c'est lorsque le patient sort de la séance avec l'envie de dévorer la vie. Pour un sportif de haut niveau, ça peut être quand il se sent prêt à en découdre, et suffisant fort pour aller chercher la victoire ou la performance sportive. D'un point de vue purement ostéopathique, il nous confie que c'est au moment où il sent que le corps de son patient est libre d'entraves et harmonieux dans son mouvement.

Pour Benoit, le secret est simple car il s'agit du résultat.

Pas de résultat = pas de sportif, ni de patient. En plus du résultat, le sportif doit sortir de la consultation avec le sourire sinon vous n'avez absolument pas réussi votre consultation.

Enfin, on n'a pas pu s'empêcher de demander aux ostéopathes ce qu'ils pensent des blessures des joueurs de foot (...Neymar ? ^^). Souvent simulés ou pas ? Comment fonctionne la fameuse bombe froide ?

Anthony, responsable de la cellule médicale de clubs de football, reconnait que le joueur de foot est caractérisé par la simulation, et spécialement en ces temps de Neymar-Mania en coupe du monde :

Il y a, en effet, ce jeu de simulation qui est purement tactique, ayant pour but de faire sanctionner le joueur adverse, avoir une action de but ou bien même de faire sortir le joueur adverse de son match mental...

Cela dit, il tempère en nous disant qu'au rugby, la plupart du temps, le joueur s'attend à l'impact. Il contracte ses chaines musculaires, est bien sur ses appuis. Alors que le footballeur va plus souvent recevoir un tacle sans s'y attendre et donc son corps ne sera pas préparé au choc. Et souvent la conséquence est plus grave.

Roulade de Neymar, coupe du monde 2018

Loïc nous dit que le foot est malheureusement un sport qui souffre de sa popularité. Il nous indique qu'une récente étude a montré que 1/3 des simulations entrainaient une faute sifflée. Par contre moins de 5% des simulations entrainent une sanction envers la personne qui simule.

Le footballeur est donc un excellent mathématicien. Il comprend qu'il a plus de choses à gagner en simulant qu'en jouant réglo. Je ne vois pas d'autre sport où ce calcul s'applique.

Thierry nous rappelle que la blessure est une rupture dans la mécanique du sportif, parfois sur fond de fatigue, d'augmentation des contraintes dans tous les espaces.

Concernant la bombe de froid, Benoit, qui a été accompagnateur auprès des instances footballistiques départementales, nous explique cet outil de cryothérapie permet d'avoir un effet de réduction du calibre des vaisseaux (vasoconstriction), de soulager la douleur et d'aider à résorber les hématomes. Il complète en nous disant que ce procédé n'est pas nouveau et qu'il date de l'antiquité avec les bains glacés chez les romains notamment.

Candice nous répond qu'elle préfère le rugby ! ;)


Osteo2ls remercie infiniment les participants à la rédaction de cet article, à savoir :